Peu fréquentée par les touristes, Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine, est une ville qui mérite d’être visitée en raison de son histoire et de son brassage culturel. Multiethnique et multireligieuse, elle suscite des émotions fortes qui incitent à la réflexion. Bien qu’elle ne compte qu’un demi-million d’habitants, elle a un cœur palpitant, un centre historique facile à visiter et de nombreuses attractions à voir et à découvrir.
Les touristes ne restent souvent qu’une journée dans cette ville, alors qu’il vaut mieux y passer un peu plus de temps. Découvrons ce qu’il faut voir à Sarajevo, les meilleures attractions et les choses à faire !
1. Vieille ville
Une visite de Sarajevo ne peut commencer que par le vieux centre-ville appelé à l’origine Bašcaršija (du turc « baş-çarşı » signifiant « marché principal »), autrefois lieu où se tenait le marché de la ville. On y trouve de vieilles mosquées, des églises orthodoxes et des monuments historiques particulièrement remarquables, que je vous décrirai plus loin.
L’artère principale de ce quartier est la rue piétonne Ferhadija, qui regorge de boutiques, de restaurants et de cafés, parfaits pour faire une pause et déguster le fameux café turc, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Au centre de la place, vous pourrez admirer la fontaine Sebilj. Elle a été construite à la fin des années 1900 dans un style mauresque, un symbole de la ville qui figure souvent sur les cartes postales et les photos de Sarajevo. L’endroit est particulièrement magique, au coucher du soleil, lorsque les pigeons s’envolent et que la lumière rase le sol.
Goûtez au café turc : cette boisson remonte au XVᵉ siècle. Elle est originaire du Yémen et s’est ensuite répandue dans tout le Moyen-Orient. Elle est arrivée en Bosnie-Herzégovine en 1463. Vous en trouverez partout dans la ville, mais l’un des meilleurs se trouve dans la dunja Miris.
2. Mosquée des Tsars – Mosquée de l’Empereur
Dans le quartier turc de Bascarsija se trouve la Grande Mosquée de l’Empereur, également connue sous le nom de Mosquée des Tsars. Elle a été construite en 1457 après la conquête ottomane de la Bosnie, en l’honneur du souverain Soliman Iᵉʳ.
Elle est assez grande, mais ne possède qu’un seul dôme. Le magnifique minaret octogonal est considéré comme le plus beau du pays et l’intérieur est riche de décorations récemment restaurées.
Le bain turc d’origine a été détruit à la fin du XIXᵉ siècle, mais l’architecte Vancas l’a redessiné et le bâtiment a survécu à la guerre de 1992-1995.
À côté de la mosquée, un petit cimetière abrite plusieurs tombes de vizirs, de mollahs, de cheikhs et d’employés du lieu religieux. Suite aux guerres de l’ex-Yougoslavie dans les années 1990, la mosquée a subi de nombreux dommages et fait l’objet d’une longue rénovation, ralentie par le manque de fonds.
3. Que faire à Sarajevo : Visiter la Brasserie de Sarajevsko
Outre le café, une autre attraction de Sarajevo est sans aucun doute la bière locale. La brasserie de Sarajevsko date de 1854 et fut la première à produire cette boisson dans la ville. Elle fut également la seule à ne pas fermer ses portes de 1992 à 1995, alors que la ville était assiégée.
Située au sud de la rivière, en face du pont Latin, c’est un imposant bâtiment rouge de style austro-hongrois. À l’intérieur, vous pouvez déguster de la bière et essayer quelques-unes de leurs délicieuses spécialités culinaires. Le musée et la visite guidée sont également très intéressants, car ils vous permettent de découvrir et d’apprendre toutes les étapes de la production.
Découvrez l’histoire de la brasserie pendant le siège : en avril 1992, les troupes serbes ont assiégé Sarajevo et, un mois plus tard, ont fermé l’aqueduc qui approvisionnait la ville en eau potable provenant des montagnes environnantes. Durant plusieurs mois, la seule source d’approvisionnement en eau était la brasserie et des points de distribution d’eau ont été installés à l’intérieur.
4. Pont Latin
Sarajevo possède plusieurs ponts, mais le pont Latin est le plus ancien. D’origine ottomane, construit en pierre et en plâtre avec quatre arches et trois solides piliers, il est visible de plusieurs points de la ville. Mais, il a surtout une signification historique importante. C’est près du pont, qu’a eu lieu l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche, François-Ferdinand, le 28 juin 1914, événement qui a déclenché le début de la Première Guerre mondiale.
À Sarajevo, vous pouvez vous arrêter à l’endroit exact où s’est déroulé l’événement qui a changé le cours de l’histoire et façonné le monde tel que nous le connaissons. À l’extérieur du musée de Sarajevo, au bout du pont, une plaque marque l’endroit exact où François-Ferdinand et son épouse ont perdu la vie.
Découvrez les autres ponts de Sarajevo : outre le pont Latin, il convient de mentionner le pont Olga et Suada, où les deux premières victimes sont mortes pendant le siège de 1992. Ainsi que le pont Festina Lente, construit en 2012 et conçu par des étudiants de l’Académie des beaux-arts de la ville.
5. Cathédrale orthodoxe de la Nativité de Jésus
Toujours dans le centre historique, parmi les mosquées et les synagogues, se trouve la cathédrale orthodoxe de la Nativité de Jésus. C’est l’une des plus grandes du pays, construite en 1868, en l’honneur de la Sainte Mère de Dieu et de la naissance de Jésus.
De style baroque, auquel se mêlent toutefois quelques éléments serbo-byzantins, elle se caractérise par un grand clocher doré et cinq grandes coupoles, tandis que l’intérieur présente un plan en forme de croix et est finement décoré.
Cette église est connue localement sous le nom de « nouvelle église orthodoxe », pour la distinguer de l’église du XVIᵉ siècle située à quelques mètres à l’est. Elle a été le premier bâtiment non musulman à être construit.
La tour de l’église de la Nativité était un point sensible pour les musulmans, qui voulaient qu’il y ait des restrictions sur l’architecture non islamique, mais malgré cela, elle n’a pas été démolie.
Jouer aux échecs avec les habitants : à côté de la cathédrale se trouve un parc dans lequel des groupes de retraités se réunissent tous les jours pour jouer aux échecs. Les spectateurs participent, donnent des conseils ou encouragent tout simplement !
6. Cathédrale catholique du Sacré-Cœur
Entre les mosquées, les églises orthodoxes et les synagogues, une église catholique se distingue également dans le centre de Sarajevo. La cathédrale du Sacré-Cœur est le principal lieu de prière catholique de la ville et aujourd’hui siège de l’archidiocèse de Vrhbosna.
Construite en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus en 1889, avec une imposante structure néogothique, elle possède des tours jumelles s’élevant vers le ciel, une façade avec des briques bordant les clochers et un portail central avec une rosace.
À l’intérieur, un maître-autel en marbre repose sur quatre colonnes de marbre rouge tyrolien et sept niches abritent des statues de saints, de prophètes et d’anges. Sur le mur ouest du clocher, en revanche, est peint le couronnement de Marie, et sur celui de l’est, la résurrection de Jésus.
Trouvez les roses de Sarajevo : à l’extérieur de l’église, sur l’asphalte, se trouve la rose de Sarajevo. En vous promenant dans la ville, le long de la digue de Miljacka, dans la vieille ville et dans la Baščaršija ottomane, vous croiserez ces roses rouges en résine sur l’asphalte. Ces symboles vous rappellent les endroits précis où une ou plusieurs personnes ont perdu la vie, tuées par une bombe ou un sniper pendant la récente guerre.
7. Que faire à Sarajevo : Visiter Galerija 11/07/95
La Galerija 11/07/95 est un mémorial créé à la mémoire des 8 372 victimes du génocide de Srebrenica. Elle a été inaugurée le 12 juillet 2012, un jour après l’anniversaire du massacre, avec l’intention de ne pas oublier.
Dans un espace de 300 mètres carrés, installé dans un bâtiment austro-hongrois, elle présente des images documentaires de ce qui s’est passé et de ce qu’il reste de Srebrenica. Sur les murs de cette exposition permanente, on peut lire les noms des victimes et voir d’anciens portraits de famille, ainsi que des photos du camp des survivants, des vitrines contenant des ossements et des documentaires vidéo et audio.
Tout ce que l’on peut observer est le résultat de sept années de travail de documentation. Cela vise à sensibiliser le public à une terrible tragédie qui a secoué l’ensemble de la Bosnie-et-Herzégovine, mais qui est malheureusement peu connue en dehors du pays. Des expositions permanentes, notamment photographiques, sont également souvent organisées au sein de la galerie.
8. Marché de Pijaca Markale
Au cœur du quartier turc, célèbre dans tout le pays, le marché Pijaca Markale est un lieu de rencontre pour les habitants et les touristes. Outre les nombreux étals de fruits et légumes des producteurs locaux, de fleurs, de sucreries et de vêtements, cet endroit est lié à un terrible souvenir. En effet, 68 personnes y ont perdu la vie en 1994, et 43 autres civils sont morts l’année suivante, dans les deux cas à cause des bombardements. Un mur rouge sur le côté du marché commémore l’événement tragique, avec une pierre gravée des noms de toutes les victimes.
Aujourd’hui, le marché est un endroit tranquille où l’on peut faire des achats, se rencontrer et discuter, mais les citoyens de Sarajevo ne peuvent pas oublier l’événement. Avant de partir, si c’est l’heure du déjeuner ou du goûter, traversez la rue et visitez aussi le marché fermé, où plusieurs stands préparent de la charcuterie et des plateaux de fromage.
9. Musée de l’enfance de la guerre
Parmi les choses à voir absolument à Sarajevo, il y a ce musée récent, si récent que sur certains guides touristiques, il n’est pas encore mentionné ! C’est le fruit du livre du même nom de Jasminko Halilovic, dans lequel l’auteur a recueilli un millier de témoignages d’enfants ayant vécu la guerre. Le musée de l’enfance de la guerre a ouvert ses portes en 2017 et a remporté le prix du musée du Conseil de l’Europe en 2018.
À l’intérieur du musée, vous pouvez voir toutes les formes de souvenirs de la guerre en Bosnie, vus à travers les yeux de ceux qui n’étaient que des enfants à l’époque. La collection comprend des journaux intimes, des photographies, des jouets, des lettres et des témoignages vidéo et audio des propriétaires des objets. Un lieu particulier, mais qui vaut la peine d’être visité pour comprendre encore mieux les événements récents dans un pays qui n’est qu’à quelques kilomètres de nous.
Les projets internationaux font partie intégrante du musée. Les collaborations avec le Liban, la Serbie, les États-Unis et l’Ukraine font de cet endroit, non seulement, un lieu d’exposition, mais aussi un point de rencontre international. Il a permis de créer les plus grandes archives au monde d’objets et d’expériences liés à l’enfance pendant les conflits.
10. Tour Avaz
Le seul gratte-ciel de la ville, d’une hauteur de 176 mètres. Il s’agit de la tour Avaz, d’où l’on a une belle vue sur Sarajevo.
Siège de l’un des journaux bosniaques « Dnevni Avaz« , dans le quartier de Marijin Dvor, elle a été inaugurée en 2008. Elle se caractérise par une façade torsadée visible depuis différents endroits de la ville et son sommet accessible par des ascenseurs panoramiques ultrarapides, qui offrent aux visiteurs une expérience inoubliable en les emmenant à 150 mètres de hauteur.
Une fois au sommet, vous pourrez profiter d’une vue splendide sur la ville et prendre un café ou une bière au bar et au restaurant situés à l’avant-dernier étage.
Participez à l’Avaz Tower Running : chaque année, l’Avaz Twist Tower organise l’Avaz Tower Running, un événement sportif inhabituel au cours duquel les concurrents grimpent 780 marches pour atteindre le pont d’observation. Cette course est un véritable défi pour les sportifs en quête d’adrénaline !
11. Bibliothèque nationale et universitaire de Bosnie-Herzégovine
Sur la rive droite de la Miliatcha, à deux pas du pont latin, se trouve cette importante institution nationale. Elle avait été désaffectée pendant des années en raison des dégâts causés par le siège, mais elle a heureusement été rouverte au public et restaurée pour retrouver sa splendeur d’antan.
La bibliothèque nationale, d’origine maure datant de 1896, a été l’une des cibles de la guerre. Elle a pris feu, dans la nuit du 25 au 26 juillet 1992, détruisant en même temps que le bâtiment un important matériel datant du Moyen Âge (manuscrits, livres et œuvres d’art). Cependant, grâce aux civils qui ont risqué leur vie, au moins un dixième des livres a pu être sauvé.
Après plusieurs travaux de restauration, le bâtiment a été reconstruit en essayant de conserver le design d’origine, et il a rouvert ses portes en 2014.
Aujourd’hui, il accueille divers événements, concerts et expositions, et est le siège de la mairie. Ne ratez pas l’exposition permanente au sous-sol de la bibliothèque, qui retrace l’histoire de Sarajevo depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui.
12. Musée national de Bosnie
Inauguré à Sarajevo en 1888, le Zemaljski Muzej Bosne i Hercegovine a été agrandi en 1913 par l’architecte autrichien Parzik, qui a redessiné le bâtiment en le divisant en quatre pavillons symétriques à la façade néo-Renaissance.
À l’intérieur, on peut admirer diverses expositions sur l’archéologie, l’histoire de l’art, la géographie et l’histoire.
Fermé par manque de fonds après 124 ans d’activité en 2012, le musée a été rouvert en 2015 et mérite une visite, notamment parce qu’il abrite la Haggadah de Sarajevo, un ancien texte enluminé contenant de nombreuses scènes de la Bible. Cette Haggadah est l’une des plus anciennes, réalisée à Barcelone en 1350, et témoigne des miniatures avec des représentations humaines dans la tradition juive.
À voir également, la collection de Stecci, ou pierres tombales médiévales, que l’on peut admirer dans le jardin botanique. Ainsi que l’exposition ethnographique avec des meubles, des tapis et des plafonds provenant des maisons des nobles qui vivaient à Sarajevo dans les années 1800.
Attention aux horaires de la Haggadah : la Haggadah n’est exposée que 2 heures par semaine et les pages sont tournées tous les mois afin de ne pas trop les exposer à la lumière. Pour être sûr des horaires auxquels vous pouvez la voir, consultez le site officiel.
13. Que faire à Sarajevo : Prendre un café au Café Tito
Le café est à la Bosnie ce que le thé est à la Grande-Bretagne. C’est l’une des phrases que vous pourrez entendre de la bouche d’un guide de la ville, qui vous recommandera également d’en déguster un au Café Tito.
Ce café au thème communiste est dédié à la fois aux boissons chaudes et au dernier dictateur de l’ex-Yougoslavie, Josip Tito.
Dans les jardins qui entourent le café, vous trouverez des tanks, de l’artillerie et des jeeps militaires. Les murs intérieurs sont couverts de photos de l’homme auquel le café est dédié, les tables sont décorées de journaux remplis d’articles écrits sur lui.
14. Tunnel du Salut
Si vous visitez Sarajevo, vous pourrez constater que les cicatrices de la guerre récente sont encore évidentes. Un bon moyen de découvrir le passé de la ville est de participer à une visite guidée du siège en temps de guerre, avec un guide qui vous montrera les principaux sites du siège.
Le tunnel du salut, ou musée du tunnel, a été construit par des volontaires bosniaques entre 1992 et 1995. Il servait à relier les deux villes libres de Dobrinja et Butmir. En traversant ce passage, les civils pouvaient, non seulement se sauver, mais aussi transmettre de l’aide humanitaire et de la nourriture.
L’entrée se trouve dans une maison-musée qui, en 1993, appartenait à une famille ayant donné son accord pour la construction du tunnel. Dès l’entrée du musée, vous trouverez de nombreuses photos des visages des personnes qui ont creusé le tunnel en se relayant huit heures par jour pendant six mois, tandis que dans les salles, vous pourrez voir des projections et un documentaire sur le massacre de Prijedor. Les vitrines conservent les uniformes et la maquette en plastique représente l’ensemble du tunnel de 800 mètres de long, dont seuls 25 mètres sont visibles aujourd’hui.
15. Piste de bobsleigh
En 1984, Sarajevo a accueilli les Jeux Olympiques d’hiver. Aujourd’hui, il reste quelques vestiges des structures qui ont été le théâtre des victoires sportives, les bombardements de la guerre de 1992 ayant détruit la plupart des sites.
La piste de bobsleigh, située sur le mont Trebevic, est cependant un endroit frappant à visiter. De nombreuses mines y ont été placées pendant la guerre, et les kilomètres de courbes et de paraboles de la piste ont servi d’emplacements d’artillerie, d’où les tireurs d’élite tiraient sur la ville.
À la fin de la guerre, du béton a été coulé sur la voie pour la protéger des mines et, au fil des ans, des efforts ont été faits pour embellir cet endroit avec des fresques et des peintures murales.
Non loin de là, on trouve également les vestiges du motel qui accueillait les sportifs, les spectateurs et les journalistes. Tandis que sur le mont Igman, on peut voir les deux tremplins de ski en mauvais état et les deux tours de l’observatoire Bistrik Kula, elles sont aujourd’hui abandonnées.
Acheter la mascotte des Jeux Olympiques : l’importance des Jeux Olympiques pour les habitants de Sarajevo, qui espéraient une renaissance et une prospérité grâce à cet événement, est attestée par le fait qu’aujourd’hui encore, l’un des souvenirs les plus vendus dans la ville est la mascotte des Jeux, Vucko.
1 Commentaire
Alain
3 juillet 2024 at 14 h 29 minBonjour Aurélie,
Je pars à Sarajevo fin août 2024, où un collègue franco bosniaque aurait dû me faire visiter sa ville natale + Mostar, si un problème médical ne le retenait malheureusement tout l’été à Paris !
J’ai du mal à trouver les coordonnées d’un (e) guide local (e) : avez-vous fait appel vous-même à un guide sur place ? pour éventuellement me communiquer ses coordonnées.
En vous remerciant,
Alain